C’est un roman facile à lire et je
recommanderai parce que je
l’ai trouvé raisonnablement distrayant. Partant d’une cérémonie de mariage,
Blandine le Callet construit un roman chorale, dont il n’y a pas de personnages
principaux, mais plusieurs voix narratives qui, comme un système d’épisodes,
conforment un collage sur la société bourgeoise en France. L’auteure écrit le livre partant d’un
ton pessimiste qui dévoile au long du roman une société cruelle et injuste,
mettant au lecteur dans une atmosphère sombre et maussade qui contraste encore
plus avec le leitmotif principal du mariage.
Il semble que chaque chapitre du livre
se rapporte avec une heure. Il y a neuf chapitres, chacun avec un nom. Chaque
étape mariage est exprimé du point de vue dun personnage, et concorde
synchroniquement avec le développement de tout le rituel nuptial: arrivée,
cérémonie religieuse, photos, apéritif, le banquet, la fête, le balle...
L’aube est représentée par le
premier personnage, Pauline. Elle est une petite fille, nièce de Bérengère, la fiancée. Pauline commence son
récit sortant de la voiture de ses parents et à travers de ses mots le lecteur
peut obtenir une vision panoramique de la famille et ses tabous: la classe
sociale, les différences (la fille avec le syndrome Down), les préjugés dans
les couples... en plus, on contraste la perspective naïve d’une enfant avec le
monde des adults beaucoup plus compliqué, voire absoudre.
Au long du livre les personnages
apportent leurs soucis: Bertrand, Madeleine, Hélène, Marie, Jean-Philippe,
Vincent, Damien... Notamment affreux et obscur est l’épisode du curé Bertrand,
qui croit que le diable est près de lui. Sa lutte contre la folie est vraiment troublante.
Le dernier récit, la nuit, est pour la grand-maman de Bérengère, Maddy.
La dame avoue son contumace, depuis sa jeunesse jusqu’au moment, proche à la
mort, qu’elle trouve convenable pour confier son grand secret à sa
petite-fille. Maddy est une réference pour la reste des femmes, mais Bérengère
et les lecteurs descouvrent son autenthique personnalité au dernier chapitre. Le
discours de Maddy fait preuve de l’hipocresie de la famille.
Le symbollisme de la fin de la fête se mélange
avec la nuit et le moment du repos et relié avec la sensation du personnage de
Bérengère de l’inminence de la mort de sa mamie finnisse pour établir une
atmosphère crepusculaire et même agonisante.
Au but du livre, on arrive à la conclusion que les
apparences trompent: malgré ses silences et ses désacords
Hélène et son mari encore s’aiment, les belle-soeurs trouvent l’amour, la
blonde ne trompe plus son mari, la grand-maman a un frappant secret de famille
qui sera un des grands souvenirs du jour pour Bérengère. Mais à la fin, l’amour
triomphe sur l’obscurité et le malheur, soit dans la clandestinité soit
ouvertement.
Le
personnage le plus craquant? Je trouve que sont les femmes, elles qui
s’éloignent des conventions sociales superficielles : la petite fille est
compatissante, les belles-soeurs sont lesbiennes, la mamie est livre et
rebelle, la blonde est fidèle... Par contre, les personnages masculins restent
un peu estompés et, en général, ils font preuve d’une attitude passive:
le fiancé reste presque immobilisé, pendant les préparatifs de son mariage, le
mari qui aime sa femme, or qui ne confie pas à sa fidélité, il y a un autre
homme impitoyable qui aime jouer avec les femmes moches, même le grand amour de
la mamie n’existe plus, il est mort il y a beaucoup de temps...
En fin, ils ont
tout de même une aura certement sombre.
On
doit remarquer comme curiosité, que le roman garde la régle aristotélicienne
des trois unités, (d’action, de temps et de lieu) « selon lesquelles une
pièce de théâtre doit comporter une seule action principale (unité d'action),
se déroulant dans un même lieu (unité de lieu), et dans l'espace d'un seul jour
(unité de temps): ''Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli /
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli'' »[1]
.
On pourrait penser que
l’auteur envisageait d’écrire sa pièce pour la représenter, peut-être, au
cinéma. Il y a aussi un film titulé “Une pièce montée”, mais je ne l'ai pas pu visionner. J’ai cherché information sur l’écrivain pour savoir si ça était
une coincidence et je peux vous dire que cette unité est intencioné, parce qu’elle est spécialiste en littérature
et philosophie hellénistiques et romaines. Il est aussi intéressant son champ
d’investigation qui se déroule sur la notion de monstruosité dans l’Antiquité.
Pour elle « La notion de monstruosité est reservée - avec une
"recupération" des termes du prodige traditionnel - aux anormaux non-viables,
aux etres fantastiques et, par metaphore, aux creatures etranges. Aussi la
notion de monstruosité se relie avec créatures portées par la passion depourvue
de raison et aussi lesquelles qui sont dehors la société. Peut être il y a
quelques monstres, dans le roman. Ça reste à votre avis.
[1]
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/logotype/glossaire/Regle%20des%20trois%20unites.htm